Hamid Allouache : “De l’Opéra de Paris à la chorégraphie des Jeux…Paralympiques”

Hamid Allouache : “De l’Opéra de Paris à la chorégraphie des Jeux…Paralympiques”


Rencontre avec Hamid Allouache, Life Coach, Référent Handicap/ Diversité / Inclusion, qui partage son parcours d’homme de scène proche des fauteuils d’orchestre et qu’une maladie a mené sur un fauteuil…roulant.


La découverte du jeune Hamid Allouache avec la danse se fait à l’adolescence et peu à peu celle-ci devient une véritable passion. Il débute à l’Opéra National de Paris en tant que danseur sur les Opéras. Après vingt-cinq ans de carrière internationale, il se reconvertit et devient Régisseur du Ballet de l’Opéra de Paris sous la Direction de Benjamin Millepied.

Répétitions Alcina à l'Opéra Garnier (2014)

Hamid, pouvez-vous partager votre fracture de vie ?

“En 2016, en quelques jours, suite à une inflammation de la moëlle épinière, je me retrouve paraplégique et je suis hospitalisé pendant neuf mois où pendant ce temps le corps médical cherche et s’interroge sur l’origine de mon mal qui génère cette paralysie.
Lors de mon très long séjour à l’hôpital, où tant d’autres personnes accidentées étaient présentes, nous avions ensemble des moments de récréation où nous partagions nos doutes, nos espoirs, nos angoisses, nos multiples questionnements sur notre présent, notre avenir.

C’était un espace d’écoute tout à fait particulier notamment avec les jeunes. Je captais, en plus du contexte physique, toute cette souffrance mentale provoquée souvent, involontairement, par l’environnement familial et/ou amical qui se croit dans l’obligation de divertir le patient en rééducation à coup d’omniprésence et de sucreries.

La pression des proches sur ces résidents temporaires (Qu’as-tu fait comme progrès ce jour ? Quand vas-tu faire ceci ? As-tu une idée de la date de sortie ? Et tes médicaments ? …) pèse, enferme et réduit la personne à une relation uniquement axée sous l’angle de son handicap. Il ou elle se trouve assigné(e) à un seul pan de sa vie et en plus souvent douloureux - que ce soit au niveau physique et/ou mental -  dans ce contexte médicalisé.

Une personne est multiple et c’est tout l’intérêt de notre condition humaine. Même en situation de soins, elle n’est pas que cette partie d’elle-même. Au-delà d’être entouré, on a aussi besoin de temps -seul- pour regarder ce qui nous arrive, pour apprivoiser l’impensable.

Le mot  et l’esprit de “re-création” semblent avoir été fondateurs pour écrire votre futur, pouvez-vous nous en dire plus quant à votre résilience ?

Le mot et l’esprit de “re-création”, c’est exactement ce que j’ai investi et développé sans jamais perdre de vue qu’il me fallait faire de nouvelles choses pour éviter de tomber dans le piège de la comparaison. Reprendre un développement ailleurs.

Ce temps d’écoute si spécifique lors de ce long séjour à la fois individuel et collectif, ces observations, ces nombreux échanges, avec des individus très différents, m’ont incité et permis d’effectuer un travail réel de re-création de mon présent immédiat pour l’inscrire dans un futur certain.

Pour moi la conception de la “résilience” fait de suite référence à celle définie et décrite si bien par Boris Cyrulnik, neuropsychiatre “En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité”. C’est exactement ce que j’ai investi et développé.

Avec cette tranche de vie qui s’inscrit dans un cadre hors du commun, il faut avoir à l’esprit qu’on ne peut pas avoir conscience de l’élévation si on n’a pas connu le poids d’un choc traumatique, d’une chute. C’est un long processus et demande beaucoup d’énergie, de force et de patience.

Quelles ont été les premières décisions que vous avez prises à la sortie de votre séjour de longue durée à l’hôpital ?
Après presqu’une année à temps complet en milieu médical, je sors en 2017 pour …déménager ; mon immeuble et mon appartement  n’étant pas adaptés à la mobilité avec un fauteuil roulant et mes nombreux déplacements pour continuer la longue rééducation qui est toujours d’actualité encore en … 2022.

Je comprends que je dois construire ma vie professionnelle, créer mon propre emploi et me donner rapidement des objectifs précis.

J’ai commencé par me rapprocher de l’Association “Comme les autres” présidée par Michaël Jérémiasz (champion d’or paralympique tennis-fauteuil en double en 2008). Après avoir bénéficié d’un premier séjour de sport sensation, je suis devenu Référent Handicap dans son association afin d’accompagner moi-même, quelques mois plus tard, des groupes de personnes fraîchement handicapées dans leur parcours de reconstruction.
Dans un même temps, j’ai décidé d’acquérir des compétences nouvelles pour accompagner au mieux des personnes en processus de transformation et j’ai fait une formation à l’Ecole de coaching francophone.

En 2021, j’ai vécu un moment extraordinaire en étant sélectionné pour danser lors de la chorégraphie finale des Jeux Paralympiques au Japon (vidéo).

Celle-ci a été créée, avec un grand talent et une exceptionnelle générosité par Sadeck Berrabah (aussi danseur) où la force de cette réalisation est d’avoir rendu possible, pour la première fois, un spectacle où on ne voyait pas qui était homme ? femme ? assis ? debout ? valide ? ou handicapé ?

Et aujourd’hui, quelle est votre activité professionnelle ?

J’ai créé mon propre programme de conférence, à destination des entreprises, sur la “diversité & inclusion” qui est unique puisqu’il s’agit tout d’abord d’un atelier de “danse aveugle”. Il se déroule sur le thème de la vulnérabilité comme terrain de créativité. Ensuite je fais une conférence d’une heure sur la diversité et l’inclusion.

C’est tout naturellement que je me suis mis à faire des ponts entre les différentes minorités marginalisées à l'intersection desquelles je suis depuis toujours. Au-delà de les incarner, je m’emploie à beaucoup de pédagogie sur ces sujets et j’accompagne des groupes dans la recherche de moyens simples et adaptés pour toujours plus d’inclusion en entreprise.

Que pensez-vous de la démarche de Mixity, solution digitale de mesure de la diversité et de l'inclusion, de pilotage, et d’engagement pour les entreprises ?


Réellement, je trouve que c’est extraordinaire d’avoir pensé à faire une empreinte digitale, une trace de l’engagement  “diversité et inclusion” de l’entreprise. Ce qui me séduit particulièrement dans cette innovation c’est d’avoir pensé à cette vision avec les cinq volets si importants de l’inclusion : Egalité FH, Handicap, Multigénération, Multiculturel, LGBT+.

Pour moi, ce sont les piliers majeurs de la diversité et ce sont sur ces axes que je porte aussi des messages forts d’inclusion. De plus, dans votre solution RH, ce que je souligne c’est de procéder à la fois à l’évaluation du côté “Entreprise” et d’obtenir le retour de toutes les “équipe de collaborateurs (f/h/nb)” de celle-ci.

C’est le seul moyen - avec ces deux analyses par la data- pour la Société de poser un diagnostic 100% neutre et de pouvoir développer, engager ou accélérer une politique réellement inclusive."

Compte instagram : Hamid Allouache

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Crédit photos : Hamid Allouache