Les convictions de Lucille Desjonquères pour une mixité assumée dans les entreprises

Interview #Mixity #Partner

Cet été, nous sommes allés à la rencontre de Lucille Desjonquères, Présidente  Directrice Générale du cabinet Leyders Associates, femme de convictions, qui veut faire de l’entreprise un lieu d’actions où la mixité femme-homme est une réalité concrète, chiffres à l’appui.

Elle nous parle de sa vision de la place des femmes dans les instances de gouvernance et des actions pour développer la mixité dans les environnements de travail.

Pouvez-vous nous parler de vos accompagnements avec “Femmes au coeur des conseils”, pour agir à la fois auprès des dirigeants d’entreprise et des femmes ?

“Femmes au coeur des conseils” est un département intégré au sein du cabinet Leyders Associates. Nous accompagnons les entreprises dans le respect des mesures fixées par la loi Copé-Zimmermann - 40% de femmes dans les conseils d'administration des sociétés cotées, ou non cotées qui comptent plus de 250 salariés permanents et un chiffre d’affaires supérieur à 50M€ -  en leur proposant une sélection de femmes françaises et internationales, aux compétences validées par le cabinet et prête à prendre de nouveaux mandats.

Nous mettons par ailleurs en place des actions commerciales pour trouver des mandats auprès des femmes présentes dans notre base de données.

Tout a commencé en 2013, avec la naissance du cabinet Leyders Associates que nous avions fondé sur des postulats d’agilité et d’éthique, avec la volonté de placer du sens dans nos missions. C’est à cette période que les premières réflexions préalables à la loi sur la féminisation des instances de gouvernance nous ont motivé à jouer un rôle de facilitateurs pour des femmes brillantes qui cherchaient des mandats et des entreprises ouvertes à de nouveaux profils.

Comment concrètement aidez-vous les femmes à trouver des mandats ?

J’ai rencontré des femmes extraordinaires, qui manquaient de confiance en elles  et qui pourtant, menaient admirablement leur carrière, leur vie. Ces professionnelles méritaient d’accéder à des instances où elles pourraient apporter tout leur valeur ajoutée.

C’est devenu un véritable engagement au sein du département “Femmes au coeur des conseils” et nous avons structuré une offre de formation à la fonction de gouvernance, en y intégrant - au-delà des compétences métier - des soft skills dont les femmes avaient besoin pour briser ce plafond de verre encore présent dans les entreprises.

Nous les aidons à se présenter avec assurance, à travailler leur posture et à maîtriser les codes de la prise de parole en public pour être convaincantes.

Cette formation a ensuite été délivrée en partenariat avec Kedge Business School, dans un format diplômant, à Bordeaux, Paris, Marseille.

Comment selon vous peut-on constituer un Conseil d’Administration performant ?

La diversité et la mixité sont des facteurs de performance. Un Conseil d’administration (CA) doit trouver sa force dans les personnes et les expertises variées qui le constituent.

Nous avons pour cela développé une méthode d’évaluation des CA à partir d’un test de personnalité des administrateurs pour identifier les profils et les compétences qui entourent un ou une président.e.

Si nous n’avons que des financiers autour de la table, l’extra-financier ne sera pas traité à son juste niveau, ce qui peut avoir des conséquence négatives pour le board stratégique.

Vous êtes également présidente de la branche française du réseau de femmes influentes International Women’s Forum, qui est à l’initiative notamment des Assises de la Parité. Comment cela s’inscrit-il dans vos actions auprès des entreprises ?

Femmes au Coeur des conseils bénéficie d’une forte notoriété acquise au fil des années auprès des femmes qui cherchent des mandats avec également des profils internationaux pour les boards que nous identifions pour nos clients via des appels entrants et l'identification de profils féminins de grande envergure.

Compte tenu de la visibilité de notre engagement liée à des nombreuses actions de communication, et de mes liens étroits avec des femmes emblématiques, l'organisation de l’International, Women’s Forum - dont Chiara Corazza est Managing Director - m’a contactée en 2016 pour créer et  prendre la présidence de l’antenne française du réseau

Quelques mots sur le réseau : International Women’s Forum a été constitué dans les années 70 avec la ferme volonté d'aider la cause féminine grâce au soutien de femmes inflluentes. En 2020, cette association est présente dans 36 pays avec 80 chapitres. Ceux -ci prônent la cause des femmes sur une infinité de sujets, et sont pleinement éligibles, disponible et motivées pour prendre des mandats en dehors de leurs frontières et notamment en France grâce à la loi Copé-Zimmermann.

Les femmes qui rejoignent le réseau IWF sont des femmes qui ont occupent des postes "corporate" dans les entreprises, mais aussi des sportives de haut niveau ou encore des entrepreneuses, des chercheuses, des artistes, des pilotes, des écrivains, des philosophes qui se fédèrent ensemble pour faire progresser la place des femmes dans les instances de gouvernance et des comex.

Vous agissez aussi sur le plafond de verre en accompagnant les femmes - au niveau du middle management - à lever leurs freins et à saisir de nouvelles opportunités de carrière. Pouvez-vous nous en dire plus ?

De plus en plus de nos clients s’engagent dans des démarches de mixité de leurs équipes de management. Pour autant, certains nous ont exprimé leur difficulté à convaincre des talents féminins à aller vers des postes à responsabilité. Les femmes ont aussi leurs freins.  sont également victimes de leurs propres stéréotypes.

C’est pour cela que nous avons conçu un dispositif d’accompagnement des femmes avec une phase de diagnostic, sous forme de tests de personnalité et de gaming, pour identifier leurs forces et leurs freins, avec ensuite un ensemble de sessions de coaching pour les faire gagner en confiance, les faire monter en compétence sur des soft skills et/ou des postures managériales.

Ainsi, les femmes peuvent s’engager vers des postes sur lesquelles elles n’osaient pas se positionner avant.

L’idée de créer Femmes au cœur des conseils vous est venue suite à la publication de la loi Copé-Zimmermann en 2014, promulguée en 2011,et  effective en 2014  avec une approche nouvelle, celle des quotas. Faut-il, selon vous, encourager les quotas pour accélérer la diversité et l’inclusion à tous les niveaux de l’entreprise ?

Beaucoup de femmes ont d’abord été contre les quotas. C’est tout à fait compréhensible. Elles ne souhaitaient pas être embauchées pour l'unique raison d'être un profil féminin. Pourtant, les quotas sont efficaces pour faire bouger les lignes plus rapidement . En 10 ans, le nombre de femmes dans les conseils est passé de 10 % en 2008 à plus de 40 % en 2018.

Reste encore à bien appliquer les quotas.

Dans le SBF120, le taux de féminisation des Conseils d’administration est de 42% mais si l’on prend toutes les société cotées - à l’exception d’Alternext non assujettie aux législations en vigueur - fort est de constater que les 600 sociétés concernées sont sur un taux de 24%. Il y a donc encore une belle marge de progrès à viser !

La loi « PACTE » a renforcé les contraintes autour de la féminisation des instances de gouvernance. Le non-respect de la proportion de 40 % de femmes peut entraîner l’annulation des délibérations prises lors des conseils d’administration et l’annulation du versement des jetons de présence.

Au-delà des Conseils d’administration, la féminisation des conseils du SBF120 ne se retrouve pas dans les comités exécutifs (COMEX) et les comités de direction (CODIR) où la proportion de femmes dépasse à peine les 20%. Si on enlève les fonctions RH et Communication de ces instances, on tombe à 4%. Au regard des compétences féminines, ce chiffre est scandaleux.
Il faut maintenant aller vers des quotas pour ces instances de pouvoir, au même titre que ce qui est fait pour les conseils d’administration
Seule solution pour gagner un temps précieux !

Nous sommes en 2020, les femmes sont un peu plus présentes dans les instances de gouvernance des entreprises, quel impact cela a-t-il sur leur performance économique et sociale ?

L’arrivée des femmes dans les instances de gouvernance apporte une réelle dynamique, un nouveau regard et davantage de fluidité dans les échanges et les décisions.

Si les castings sont faits avec professionnalisme, la performance est accrue. De nombreuses études ont démontré le lien entre performance économique et mixité/diversité dans la gouvernance.

On peut citer l’étude de McKinsey - Why Diversity Wins de 2019, qui montre que les entreprises qui ont une mixité de leur board ont une performance accrue de 25% par rapport aux autres entreprises du panel étudié.

Nous faisons témoigner des dirigeants d’entreprise sur ce sujet de la performance liée à la mixité et à la diversité des équipes comme Carlo Pussanta - Président de Microsoft ou Gilles Pelisson - PDG de TF1 qui sont des rôles modèles sur ces sujets sociétaux.

Quelles sont vos attentes sur une solution digitale comme Mixity, qui évalue la diversité et l’inclusion, dont l’égalité professionnelle femmes-hommes pour soutenir vos actions auprès des entreprises ?

Mixity est un outil indispensable pour objectiver la mixité et la diversité dans les entreprises.

Il faut mesurer, bénéficier de statistiques pour identifier ses leviers d’amélioration et d’action. Mixity permet d’avoir une analyse visuelle, neutre et globale sur la situation de l’entreprise sur l’égalité femme-hommes, en prenant en compte de multiples critères.

Elle évalue aussi d’autres items de la diversité comme le handicap, les générations, les origines et la question LGBT+.

C’est un réflexe d’évaluation de leur performance Diversité et Inclusion que les entreprises doivent s’approprier pour mieux piloter ces enjeux à la fois économiques et sociaux !

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